Home Tour : repaire familial et brutaliste à la croisée des influences
Au cœur du très animé quartier de Jules Joffrin dans le 18e arrondissement, Junot Montmartre vous invite à̀ pousser la porte d’une maison à l’esprit minéral, ouverte sur l’extérieur.
Imaginer une maison tout en hauteur, à la croisée des influences de Tadao Andō, Le Corbusier et Jean Nouvel : c'était le rêve d'Anne-Laure Hédon et de son mari, il y a dix ans. Celui de créer un espace de vie épuré où voir grandir leur famille. Ce projet s'est concrétisé à quelques pas de la mairie du très vivant 18ᵉ arrondissement de Paris, sur un terrain acquis lors d'une vente aux enchères.
L'opportunité parfaite pour ces deux esprits créatifs de concevoir, de A à Z, un espace décloisonné et modulable, en collaboration avec l'agence d'architectes Hardel Le Bihan. Le défi a été relevé avec brio : ces cinq étages de béton brut, largement ouverts sur l'extérieur, offrent une véritable bouffée d'air en pleine ville et réservent bien des surprises. Visite d'un bien atypique, aux accents brutalistes, proposé à la vente par l'agence Junot Montmartre.
Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je suis Anne-Laure Hédon, propriétaire de cette maison que nous avons construite avec mon mari il y a maintenant dix ans. Je travaille dans la mode depuis une vingtaine d'années en tant que directrice de collection, tandis que mon mari est entrepreneur. Tous deux créatifs : moi à travers mon travail, lui par sa manière de penser très libre, nous partageons une passion pour la photographie, le design et l'architecture. Cette sensibilité́ commune pour ces univers créatifs s'est pleinement exprimée dans ce projet de maison, où tout était à imaginer et à construire. Nous avons souhaité créer un lieu qui nous ressemble : atypique et évolutif.
Comment avez-vous trouvé ce terrain et comment avez-vous pensé cette maison avec l’aide de votre architecte ?
En 2011, lors d’une visite chez notre notaire, nous avons découvert une vente aux enchères qui a immédiatement retenu notre attention. Il s'agissait d'une petite maison et d'un terrain dans ce quartier de Jules Joffrin que nous apprécions particulièrement. Bien que le bien en lui-même ne nous ait pas particulièrement séduits, nous avons décidé de mettre toute notre énergie pour remporter l'enchère et acquérir ce terrain, ce que nous avons réussi à faire !
Une fois le lot acquis, nous avons confié la réalisation de ce projet de maison à notre ami Cyril Le Bihan, de l'agence d'architectes Hardel Le Bihan. La configuration en dent creuse du terrain nous a offert une formidable opportunité́ de jouer sur la hauteur et de s’affranchir de la contrainte d'une surface au sol limitée à 50 m². Avec l’envie d’un atelier d’artiste et celle d’une architecture assez moderne, nous avons croisé nos influences – Le Corbusier, Tadao Andō et Jean Nouvel – pour imaginer un espace épuré́, ouvert et modulable. Nous avons opté pour des matériaux légers et cohérents avec la structure de la maison : le béton, le métal et le bois clair. Un autre aspect important du projet était de travailler sur les ouvertures, notamment ces murs-rideaux dans la pièce à vivre pour faire entrer la lumière et offrir une vue extérieure jamais monotone !
Quel a été́ le plus grand défi dans les travaux et l’aménagement des espaces ? Avez-vous une anecdote à nous partager ?
Le plus grand défi à été́ de choisir avec soin les artisans et de coordonner les différents corps de métier. L'escalier, véritable colonne vertébrale de notre maison, a été conçu par Monsieur Vildieu, un menuisier talentueux. Pour les sols, nous avons collaboré avec Joël Savry et opté pour un béton coulé sans joint au rendu très minéral, qui donne parfois l’impression d’apercevoir un ciel. Avec ses dimensions proches d'un petit immeuble, la construction de cette maison nous a confrontés à des défis de taille, comme faire remonter l'ensemble du réseau électrique sur cinq étages.
Ce chantier conséquent a aussi eu son lot d'anecdotes : Par exemple, lorsque la structure en métal a été achevée, nous sommes montés sur les échafaudages pour atteindre le toit, où se trouve la terrasse-rooftop. Et là, surprise : nous avons découvert au loin la vue sur le Sacré-Cœur. C'était la cerise sur le gâteau !
Comment définiriez-vous votre style intérieur ? Où avez-vous puisé votre inspiration ?
Notre style décoratif s'inspire fortement du design du XXᵉ siècle. Jean Prouvé, Charlotte Perriand ou encore Pierre Guariche : on retrouve ici et là les créations de ces designers que nous admirons. Mon mari et moi avons toujours aimé chiner. Dans cette maison, nous avons conçu un décor qui évite la surenchère, en privilégiant un environnement minimaliste et léger, loin des showrooms ou des catalogues de design.
Comment avez-vous choisi le mobilier et la décoration ?
Lorsque nous choisissons notre mobilier, nous recherchons une cohérence globale mais pointue. L'histoire de nos meubles chinés est avant tout celle de rencontres et de coups de cœur. C’est le cas pour les fauteuils PK22 Fritz Hansen que nous avons acheté aux États-Unis et ramené en avion, le tout démonté en bagage cabine ! D'autres pièces se sont imposées à nous dès nos premières réflexions sur l'aménagement des espaces, comme la lampe murale Cerf-volant de Pierre Guariche ou encore la banquette Cansado signée Charlotte Perriand, dénichée lors d'une vente aux enchères.
Et puis d’autres créations nous suivent depuis toujours comme la banquette Knoll tapissée du tissu Maharam Dot dessiné par Charles et Ray Eames, ou encore la lampe nomade de Christophe Pillet. Dans cette maison, nous testons fréquemment de nouveaux agencements et n'hésitons pas à nous mettre au défi. Si une association ne fonctionne pas, ce n’est pas grave. La décoration évolue avec le temps et les découvertes. Cet espace est à la fois notre atelier et notre petite galerie personnelle, un véritable terrain de jeu qui amuse nos enfants, je crois.
Quelle est la pièce où vous vous sentez le mieux ?
Le troisième niveau est, sans aucun doute, l'espace préféré de la famille. Conçu comme la pièce de vie principale, il est situé au cœur de la maison. C’est là où l’on fait ses devoirs, où l’on lit, où l’on se repose, où l’on dine, où l’on prend le petit-déjeuner en famille, mais aussi où l'on fête tous les anniversaires !
Qu’appréciez-vous dans ce quartier ? Pouvez-vous nous faire part de vos 3 adresses préférées ?
Le vivre-ensemble est particulièrement exceptionnel ici. La rue du Poteau regorge de commerces de bouche, ainsi que de restaurants et de nouvelles tables qui apparaissent un peu partout. Nous vous recommandons L’Ouzerie, ainsi que les burgers du restaurant Le Ruisseau, le préféré́ de mes enfants, ou encore les pizzas d’Il Brigante qui nous transportent directement en Calabre !